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duisaient avec un naïf orgueil ce brillant résultat de leurs soins.

LES COURSES

Après le concours et les primes accordées aux juments et à leur suite, les jeunes chevaux du pays ont lutté d’haleine et de rapidité sur l’hippodrome de Mézières, aujourd’hui le plus beau et le meilleur de France pour la course. L’émotion passionnée avec laquelle le public indigène, composé en grande partie de paysans à la physionomie caractérisée, assiste à ce spectacle, le rend plus animé et plus pittoresque qu’aucune course que j’aie vue. Une grande file de voitures offre aussi la variété la plus piquante, depuis le riche équipage traîné par de grands chevaux anglais jusqu’à la charrette du paysan tirée par sa paisible mais vigoureuse poulinière. Au centre de la Brenne, dans ce pays naguère si misérable, inondé la moitié de l’année, à peine habité, et nullement fréquenté, on est fort surpris de se trouver sur une belle route encombrée d’équipages fringants, d’omnibus, de diligences, de pataches, de curieux, et de véhicules de toute espèce. C’est Longchamps transporté au milieu du désert, plus la population rustique, qui donne la vraie vie au tableau, et qui s’amuse pour tout de bon, vu que ceci l’intéresse un peu plus que les splendeurs du luxe n’intéressent le pauvre peuple de Paris ou de Versailles.

À peine les courses ont-elles commencé, que l’arène est envahie par des flots de peuple, qui s’élance sous les pieds des chevaux pour encourager les concurrents ou féliciter les vainqueurs. C’est à grand’peine que les commissaires, le curé, les gendarmes et le garde champêtre, tous gens paternels dans notre bon pays, peuvent contenir cette agitation et prévenir les accidents. La course des cavarniers est la plus intéressante pour le compa-