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jean ziska.

injures et des dommages commis par son armée : tout cela aux catholiques et au juste-milieu. Mais il donnait à entendre qu’il sévirait avec rigueur contre les Taborites, et menaçait, si on ne les abandonnait à sa colère, d’amener en Bohême ses voisins et ses amis : quand même, ajoutait il, nous saurions que cela ne se pourrait faire sans que vous en souffrissiez des pertes irréparables pour vous et votre postérité, et sans un déshonneur qui vous exposerait aux railleries mordantes du reste du monde. Cette lettre maladroite et dure irrita tous les esprits. On eût peut-être sacrifié les Taborites, si on eût pu prendre confiance à la parole de Sigismond ; mais on le connaissait trop : il avait eu le tort de se montrer. La réponse de la diète fut belle et fière.

« Très-illustre prince et roi, puisque votre auguste Majesté nous promet d’écouter nos griefs et nous invite à les lui faire connaître, les voici : — Vous avez permis, au grand déshonneur de notre patrie, qu’on brûlât maître Jean Huss, qui était allé à Constance avec un sauf-conduit de Votre Majesté. Tous les hérétiques ont eu la liberté de parler au concile ; il n’y a eu que nos excellents hommes à qui on l’ait refusée. Vous avez fait brûler maître Jérôme de Prague, homme de bien et de science, qui y était allé également sous la foi publique. Vous avez fait proscrire, frapper d’anathème et excommunier la Bohême, et vous avez fait publier cette bulle d’excommunication à Breslaw, à la honte et à la ruine de la Bohême ; car vous avez excité et ameuté contre nous tous les pays circonvoisins, comme contre des hérétiques publics. Les princes étrangers que vous avez déchaînés contre nous ont mis la Bohême à feu et à sang, sans épargner ni âge, ni sexe, ni condition, ni séculier, ni religieux. Vous avez fait tirer par des chevaux et brûler à Breslaw Jean de Crasa, notre concitoyen, parce qu’il