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jean ziska.

c’est-à-dire le peuple et ses apôtres, devaient être châtiés et déshonorés à la face du monde. L’empereur prétendait n’avoir emporté la couronne, les titres, les joyaux et les reliques que pour les soustraire aux outrages ; que d’ailleurs ces mêmes grands qui lui reprochaient cette action comme un vol, l’y avaient autorisé eux-mêmes, de leurs conseils et de leurs sceaux. Il comptait remettre à l’arbitrage des princes ses voisins et ses amis les désordres et les dommages dont on l’accusait en Bohême. Il concluait en promettant à la grandesse une augmentation de privilèges, en reprochant avec amertume au peuple la destruction de Wisrhad, des temples augustes et des belles églises de Prague, et en le menaçant de la colère de ses amis, c’est-à-dire de l’invasion étrangère, s’il ne respectait l’église de Saint-Weit et la forteresse de Saint-Wenceslas.

Pendant qu’on parlementait ainsi, Sigismond, comptant toujours sur ses armées, fit entrer en Bohême vingt mille Silésiens qui massacraient hommes et femmes, coupaient les pieds, les mains et le nez aux enfants. Aussi lâches que féroces, ils prirent la fuite sur la seule nouvelle que Ziska marchait contre eux. Les paysans et les troupes taborites des villes voisines, s’étant rassemblés à la hâte, voulurent les poursuivre jusqu’en Silésie. Mais le seigneur Czinko de Wartemberg, celui que le moine Jean avait déjà désigné comme un traître, entra en composition avec les ennemis, et défendit à ses gens d’incommoder leur retraite. Ambroise, curé calixtin de Graditz, souleva le peuple contre Czinko ; et les paysans l’auraient assommé avec leurs fléaux ferrés, s’il ne se fût retiré au plus vite. Ambroise écrivit à Prague pour l’accuser de trahison, et vraisemblablement le Prémontré se hâta de prêcher contre lui. Il est probable qu’on eût pu conquérir la Silésie sans la défection de ce Wartemberg. Mais les