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jean ziska.

des martyrs : Isti sunt sancti qui, etc. Enfin, ces têtes furent ensevelies avec leurs corps en grande solennité dans une église, et un prédicateur fit leur oraison funèbre sur ce texte tiré des Actes des Apôtres : Des hommes pieux ensevelirent Etienne. Ensuite il exhorta le peuple à rester fidèle à la doctrine que le Prémontré lui avait enseignée, et l’assemblée se sépara, le prédicateur et les assistants fondant en larmes. Le peuple sentait bien qu’il perdait un de ses plus vigoureux athlètes.

Au commencement de l’année 1422, les Taborites firent la conquête importante de Sobieslaw, d’où dépendaient dix-huit autres villes ou villages, et un territoire rempli d’étangs poissonneux. Ensuite Ziska fit une course en Autriche, porta la terreur chez les habitants, qui fuyaient à son approche dans les bois et dans les déserts, et s’empara d’une grande provision de bétail. Un autre corps de Taborites entra dans la Marche de Brandebourg, y mit tout à feu et à sang, et alla assiéger Francfort sur l’Oder, dont il brûla les faubourgs et la chartreuse. Ceux de Prague prirent et dévastèrent la ville de Luditz.

Sur ces entrefaites, Sigismond Coribut arriva à Prague avec cinq mille personnes. Il y fut fort bien reçu par les Calixtins, qui voulaient absolument un roi. Ziska était occupé ailleurs avec les Taborites. Les grands, qui étaient retournés au parti de Sigismond, se tenaient retranchés le mieux qu’ils pouvaient dans leurs châteaux. Cependant ils protestèrent contre l’élection de Coribut, et s’étant rassemblés avec ceux des gentilshommes qui étaient de leur parti, il déclarèrent que, bien qu’ils eussent toléré la première ambassade des Bohémiens en Pologne, ils n’avaient eu part ni à la seconde, ni à la troisième ; qu’ils ne se croyaient point déliés de leur serment envers Sigismond, seul souverain légitime ; et enfin que Coribut n’avait point été baptisé au nom de