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à sa tête Procope le Petit, surnommé ainsi seulement pour le distinguer par l’antithèse que présentait sa stature, car ce fut aussi un grand guerrier ; la troisième bande prit le nom d’Orpheline, pour désigner son deuil, et nomma plusieurs chefs pour témoigner qu’elle n’en trouvait pas un seul en particulier qui fût digne de succéder à Ziska. Ces Orphelins se tinrent toujours dans leurs chariots, dont ils se faisaient un camp, ou plutôt une ville portative. Ils s’imposèrent la loi de ne jamais demeurer ailleurs, et de n’entrer dans les villes que pour les besoins de la guerre et l’approvisionnement de l’armée. « Ce partage n’empêcha pas que les trois corps ne s’unissent étroitement quand il s’agissait de la cause commune. Ils appelaient la Bohême la terre de promission, et les Allemands, soit Philistins, soit Iduméens, soit Moabites, soit Amalécites, distinguant par ces noms ceux des diverses provinces. Les Orphelins et les Orébites tirèrent du côté de la Lusace et de la Silésie, brûlant et massacrant tout. Procope le Rasé, à la tête des Taborites et de ceux de Prague, marcha vers l’Autriche par la Moravie. » Nous l’y suivrons ; car c’est sous les Procope que les Taborites firent les plus grandes choses, et rendirent la Bohême la terreur des nations environnantes, de tout le corps germanique et de l’église romaine. C’est sous leur conduite que les Bohémiens furent regardés, non plus comme des hommes, mais comme des démons et des fantômes invincibles. « De sorte qu’il ne s’agissait plus d’anathématiser, mais d’exorciser cet antre diabolique, cette demeure de Satan. » Mais avant de nous engager dans cette nouvelle campagne, nous avons à vous raconter, Mesdames, les aventures de la comtesse de Rudolstadt.


FIN DE JEAN ZISKA.