Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE PRÉCEPTEUR.

Quelques paroles, sans doute ; quelques idées, jamais. Il n’a vu que de loin les filles de la campagne, et il éprouve une insurmontable répugnance à leur parler.

LE PRINCE.

Et vraiment vous croyez être sûr qu’il ne se doute pas lui-même de la vérité ?

LE PRÉCEPTEUR.

Son éducation a été si chaste, ses pensées sont si pures, une telle ignorance a enveloppé pour lui la vérité d’un voile si impénétrable, qu’il ne soupçonne rien, et n’apprendra que de la bouche de votre altesse ce qu’il doit apprendre. Mais je dois vous prévenir que ce sera un coup bien rude, une douleur bien vive, bien exaltée peut-être… De telles causes devaient amener de tels effets…

LE PRINCE.

Sans doute… cela est bon. Vous le préparerez par un entretien, ainsi que nous en sommes convenus.

LE PRÉCEPTEUR.

Monseigneur, j’entends le galop d’un cheval… C’est lui. Si vous voulez le voir par cette fenêtre… il approche.

LE PRINCE, se levant avec vivacité et regardant par la fenêtre en se cachant avec le rideau.

Quoi ! ce jeune homme monté sur un cheval noir, rapide comme la tempête ?

LE PRÉCEPTEUR, avec orgueil.

Oui, monseigneur.

LE PRINCE.

La poussière qu’il soulève me dérobe ses traits… Cette belle chevelure, cette taille élégante… Oui, ce doit être un joli cavalier… bien posé sur son cheval ; de la grâce,