Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

étaient cinq contre trois, et parce qu’ils comptaient sur la faiblesse d’un vieillard et d’un enfant… Mais ce sont de braves compagnons… Ce jeune homme… Tiens, sbire, tu devrais te prosterner. En attendant, voilà pour boire… Laisse-nous tranquilles… (Il fouille dans sa poche.) Ah ! j’oubliais que j’ai perdu ce soir mon dernier écu… Mais demain… si je te retrouve dans quelque coupe-gorge comme celui-ci, je te paierai double aubaine… entendu ? Monsieur est un prince… le prince de… neveu du cardinal de… (À l’oreille du sbire.) Le bâtard du dernier pape… (À Gabriel.) Glissez-leur trois écus, et dites-leur votre nom.

GABRIEL, leur jetant sa bourse.

Le prince Gabriel de Bramante.

ASTOLPHE.

Bramante ! mon cousin germain ! Par Bacchus et par le diable ! il n’y a pas de bâtard dans notre famille…

LE CHEF DES SBIRES, recevant la bourse de Gabriel et regardant l’hôte avec hésitation.

En indemnisant l’hôte pour les meubles brisés et le vin répandu… cela peut s’arranger… Quand les assassins seront en jugement, vos seigneuries comparaîtront.

ASTOLPHE.

À tous les diables ! c’est assez d’avoir la peine de les larder… Je ne veux plus entendre parler d’eux. (Bas à Gabriel.) Quelque chose à l’hôte, et ce sera fini.

GABRIEL, tirant une autre bourse.

Faut-il donc acheter la police et les témoins, comme si nous étions des malfaiteurs !

ASTOLPHE.

Oui, c’est assez l’usage dans ce pays-ci.

L’HÔTE, refusant l’argent de Gabriel.

Non, monseigneur, je suis bien tranquille sur le dommage que ma maison a souffert. Je sais que votre altesse