Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/201

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GABRIEL.

Je le crois bien !

ASTOLPHE.

Je vois que vous ne songez ni à ce que vous me dites ni à ce que je vous réponds. Vous êtes préoccupé ? à votre aise ! fatigué peut-être ! Buvez un gobelet de vin. Il n’est pas trop mauvais pour du vin de prison.

GABRIEL.

Je ne bois jamais de vin.

ASTOLPHE.

J’en étais sûr ! à ce régime-là votre barbe ne poussera jamais, mon cher enfant.

GABRIEL.

C’est fort possible ; la barbe ne fait pas l’homme.

ASTOLPHE.

Elle y contribue du moins beaucoup ; cependant vous êtes en droit de parler comme vous faites. Vous avez le menton comme le creux de ma main, et vous êtes, je crois, plus brave que moi.

GABRIEL.

Vous croyez ?

ASTOLPHE.

Drôle de garçon ! c’est égal, un peu de barbe vous ira bien. Vous verrez que les femmes vous regarderont d’un autre œil.

GABRIEL, haussant les épaules.

Les femmes ?

ASTOLPHE.

Oui. Est-ce que vous n’aimez pas non plus les femmes ?

GABRIEL.

Je ne peux pas les souffrir.

ASTOLPHE, riant.

Ah ! ah ! qu’il est original ! Alors qu’est-ce que vous aimez ? le grec, la rhétorique, la géométrie, quoi ?