Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/212

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une dame, je vais trouver Menrique, qui fait des folies pour moi.

ASTOLPHE, un peu ému.

Menrique ? (Se remettant aussitôt.) Tu ne saurais mieux faire. À revoir, donc !

FAUSTINA, à part, en sortant.

Bah ! il est plus ruiné que jamais. Il aura engagé le dernier morceau de son patrimoine pour sa nouvelle passion. Dans huit jours, le seigneur sera en prison et la fille dans la rue.

(Elle sort.)



Scène II.

ASTOLPHE, seul.

Avec Menrique ! à qui j’ai eu la sottise d’avouer que j’avais pris cette fille presque au sérieux… Je n’aurais qu’un mot à dire pour la retenir… (Il va vers la porte, et revient.) Oh ! non, pas de lâcheté. Gabriel me mépriserait, et il aurait raison. Bon Gabriel ! le charmant caractère ! l’aimable compagnon ! comme il cède à tous mes caprices, lui qui n’en a aucun, lui si sage, si pur ! Il me voit sans humeur et sans pédanterie continuer cette folle vie. Il ne me fait jamais de reproche, et je n’ai qu’à manifester une fantaisie pour qu’aussitôt il aille au-devant de mes désirs en me procurant argent, équipage, maîtresse, luxe de toute espèce. Je voudrais du moins qu’il prit sa part de mes plaisirs ; mais je crains bien que tout cela ne l’amuse pas, et que l’enjouement qu’il me montre parfois ne soit l’héroïsme de l’amitié. Oh ! si j’en étais sûr, je me corrigerais sur l’heure ; j’achèterais des livres, je me plongerais dans les auteurs classiques ; j’irais à confesse ; je ne sais pas ce que ne ferais pas pour lui !… Mais il est bien longtemps à sa toilette. (Il va frapper