Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/230

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ASTOLPHE.

Eh bien, j’en suis fâché ; j’éprouvais le besoin de me battre avec lui ! Il m’a enlevé la Faustina : je n’en ai pas regret ; mais il l’a fait pour m’humilier, et tout prétexte m’eût été bon pour le châtier.

GABRIEL.

Celui-là serait ridicule. Et, qui sait ? de méchants esprits pourraient y trouver matière à d’odieuses interprétations.

ASTOLPHE.

C’est vrai ! Périsse mon ressentiment, périssent mon honneur et ma bravoure, plutôt que cette fleur d’innocence qui revêt ton nom… Je te promets de tourner l’affaire en plaisanterie.

GABRIEL.

Tu m’en donnes la parole ?

ASTOLPHE.

Je te le jure !

(Ils se serrent la main.)

GABRIEL.

Les voici qui viennent en riant aux éclats. Je m’esquive. (À part.) Il est bien temps, mon Dieu ! Je suis plus troublé, plus éperdu que lui.

(Il s’enveloppe dans sa mantille, Astolphe l’aide à s’arranger.)

ASTOLPHE, le serrant dans ses bras. Ah ! c’est pourtant dommage que tu sois un garçon ! Allons, va-t’en. Tu trouveras ta voiture au bas du perron, par ici ?…

(Gabriel disparaît sous les arbres, Astolphe le suit des yeux et reste absorbé quelques instants. Au bruit des rires d’Antonio et de Faustina, il passe la main sur son front comme au sortir d’un rêve.)