Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/241

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raître tout ignorer, pour empocher le scandale et pour ne pas amener son père à le déshériter. Qu’en est-il résulté ? Astolphe, élevé dans une noble aisance, n’a pu s’habituer à la pauvreté. Il a dévoré en peu d’années son faible patrimoine ; et aujourd’hui il vit de privations et d’ennuis au fond de la province, avec une mère qui ne peut que pleurer sur sa folie, et une femme qui ne peut pas contribuer à le rendre sage. Tout cela est triste, fort triste !

FRÈRE CÔME.

Eh bien, tout cela peut devenir très-beau et très-riant ! Que le jeune Gabriel de Bramante meure avant Astolphe, Astolphe hérite du titre et de la fortune de son grand-père.

SETTIMIA.

Ah ! tant que le prince vivra, il trouvera un moyen de l’en empêcher. Fallût-il se remarier à son âge, il en ferait la folie ; fallût-il supposer un enfant issu de ce mariage, il en aurait l’impudeur.

FRÈRE CÔME.

Qui le croirait ?

SETTIMIA.

Nous sommes dans la misère ; il est tout-puissant !

FRÈRE CÔME.

Mais, savez-vous ce qu’on dit ? Une chose dont j’ose à peine vous parler, tant je crains de vous donner une folle espérance.

SETTIMIA.

Quoi donc ? Dites, frère Côme !

FRÈRE CÔME.

Eh bien, on dit que le jeune Gabriel est mort.

SETTIMIA.

Sainte Vierge ! serait-il bien possible ! Et Astolphe qui