Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/264

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MARC.

La nourrice me l’a dit elle-même ces jours-ci au château de Bramante, et m’a montré une belle bourse, bien ronde, que le seigneur Astolphe lui a donnée pour se taire du moins sur sa proposition ; car elle lui a nié obstinément qu’elle eût nourri un enfant du sexe féminin.

GABRIELLE.

La trahison de cette femme est au plus offrant ; car elle a été raconter cela à mon grand-père, sans aucun doute ?

MARC.

Je le crains.

GABRIELLE.

Qu’importe ? Astolphe a fait sans doute cette démarche pour éprouver la fidélité de mes gens.

MARC.

Quelle que soit l’intention du seigneur Astolphe, je crois qu’il serait temps que votre seigneurie obéît aux intentions de son grand-père ; d’autant plus qu’au moment où je quittai le château l’abbé s’est approché de moi furtivement et m’a glissé ceci à l’oreille : « Dis à Gabriel, de la part d’un véritable ami, qu’il ne fasse pas d’imprudence ; qu’il vienne trouver son grand-père, et lui obéisse ou feigne de lui obéir aveuglément ; ou que, s’il ne se rend point à son ordre, il se cache si bien, qu’il soit à l’abri d’une embûche. Il doit savoir que le cas est grave, que l’honneur de la famille serait compromis par la moindre démarche hasardée, et que dans un cas semblable le prince est capable de tout. » Voilà, mot pour mot, ce que m’a dit votre précepteur ; et il vous est sincèrement dévoué, monseigneur.

GABRIELLE.

Je le crois. Je ne négligerai pas cet avertissement. Maintenant, va te reposer, mon bon Marc ; tu en as bien besoin.