Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

MARC.

Le mien est encore sellé, et le vôtre l’est déjà. Ne deviez-vous pas vous promener dans le parc aujourd’hui ? Il n’y a plus qu’à leur passer la bride.

GABRIELLE.

Cours donc ! (Marc sort.) Vous savez, mon Dieu ! que je n’agis point ainsi par ressentiment, et que mon cœur a déjà pardonné ; mais, à tout prix, je veux sauver Astolphe de cette maladie furieuse. Je tenterai tous les moyens pour faire triompher l’amour de la jalousie. Tous les remèdes déjà tentés se changeraient en poison ; une leçon violente, inattendue, le fera peut-être réfléchir. Plus l’esclave plie, et plus le joug se fait pesant ; plus l’homme fait l’emploi d’une force injuste, plus l’injustice lui devient nécessaire ! Il faut qu’il apprenne l’effet de la tyrannie sur les âmes fières, et qu’il ne pense pas qu’il est si facile d’abuser d’un noble amour ! Le voici qui monte l’escalier avec Antonio. Adieu, Astolphe ! puissions-nous nous retrouver dans des jours meilleurs ! Tu pleureras durant cette nuit solitaire ! Puisse ton bon ange murmurer à ton oreille que je t’aime toujours !

(Elle referme la porte de sa chambre et en retire la clef ; puis elle sort par une des portes du salon, pendant qu’Astolphe entre par l’autre suivi d’Antonio.)