Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/300

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FAUSTINA.

Oh ! Astolphe ! je ne mens pas. Que toute ma vie me soit reprochée au jour du jugement, excepté cet instant où nous sommes et cette parole que je te dis : Je t’aime !

ASTOLPHE.

Toi ?… Et moi, comme un sot, je t’écoute partagé entre l’attendrissement et le dégoût !

FAUSTINA.

Astolphe, tu ne sais pas ce que c’est que la passion d’une courtisane. Il est donné à peu d’hommes de le savoir, et pour le savoir il faut être pauvre. Je viens de jeter tes derniers écus dans la rue. Tu ne peux te méfier de moi, je pourrais gagner cette nuit cinq cents sequins. Tiens, en voici la preuve. (Elle tire un billet de sa poche et le lui présente.)

ASTOLPHE, le lisant.

Cette offre splendide est d’un cardinal tout au moins.

FAUSTINA.

Elle est de monsignor Gafrani.

ASTOLPHE.

Et tu l’as refusée ?

FAUSTINA.

Oui, je t’ai vu passer dans la rue, et je t’ai fait dire de monter chez moi. Ah ! tu étais bien ému quand tu as su qu’une femme te demandait ! Tu croyais retrouver la dame de tes pensées ; mais te voici du moins sur sa trace, puisque je sais où elle est.

ASTOLPHE.

Tu le sais ! que sais-tu ?

FAUSTINA.

N’arrive-t-elle pas de Calabre ?

ASTOLPHE.

Ô furies !… qui te l’a dit ?