Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/302

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ASTOLPHE, avec égarement.

Est-ce donc un rêve ? La femme pure que j’adorais le front dans la poussière se précipite dans l’infamie, et la courtisane que je foulais aux pieds se relève purifiée par l’amour ! Eh bien ! Faustina, je te baignerai dans un sang qui lavera tes souillures !… Le pacte est fait ?

FAUSTINA.

Viens donc le signer. Rien n’est fait si tu ne passes cette nuit dans mes bras ! Eh bien ! que fais-tu ?

ASTOLPHE, avalant précipitamment plusieurs verres de liqueur

Tu le vois, je m’enivre afin de me persuader que je t’aime.

FAUSTINA.

Toujours l’injure à la bouche ! N’importe, je supporterai tout de ta part. Allons ! (Elle lui ôte son verre et l’entraîne. Astolphe la suit d’un air égaré et s’arrêtant éperdu à chaque pas. Dès qu’ils sont éloignés, le domino noir, qui peu à peu s’est rapproché d’eux et les a observés derrière les rideaux de la tendine, sort de l’endroit où il était caché, et se démasque.)

Gabriel, en domino noir, le masque à la main, Astolphe et Faustina, gagnant le fond de la rue.
GABRIEL.

Je courrai me mettre en travers de son chemin, je l’empêcherai d’accomplir ce sacrilège !… (Elle fait un pas et s’arrête.)

Mais me montrer à cette prostituée, lui disputer mon amant !… ma fierté s’y refuse… Ô Astolphe !… ta jalousie est ton excuse ; mais il y avait dans notre amour quelque chose de sacré que cet instant vient de détruire à jamais !…