Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/332

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Qu’on ne dise pas que nous mettons les choses au pire, et que la bourgeoisie, autant par intérêt que par justice, rendra peu à peu, par l’éducation, le peuple digne de participer au gouvernement, et qu’en attendant l’heure où elle jugera bon, dans sa sagesse, de partager avec lui la gestion des affaires, elle le traitera de son mieux.

Nous répondrions, 1° que tout principe dont les conséquences tirées à l’extrême, conduisent à l’absurde, est faux ; 2° que votre palliatif ne fait que reculer la difficulté au lieu de la résoudre, et se trouve toujours inutile, qu’il s’agisse dans un avenir prochain ou éloigné ; car ou la bourgeoisie mettra le peuple à même de s’instruire sérieusement, en lui rendant le pain moins difficile en même temps que l’éducation plus accessible, et alors moins de dix années suffiront pour répandre partout les lumières dont vous parlez ; ou bien elle ne fera que lui montrer la possibilité d’une instruction dont les exigences de son travail journalier l’empêcheront de profiter, et alors vous rendez indéfinie la durée de cette horrible inégalité ; 3° que la bourgeoisie, composée d’hommes égoïstes, comme tous le sont, la bourgeoisie qui n’est autre chose qu’une minorité toute puissante, par conséquent qu’une aristocratie, dont le seul avantage sur l’autre est son élasticité, profitera largement du monopole social qu’elle a entre les mains, et ne renoncera jamais, sans y être forcée, aux moyens qu’elle possède de jouir plus que le peuple en travaillant moins.

Ceci nous mène au point de vue historique de la question. Nous voyons tout d’abord dans l’histoire que jamais une classe inférieure de la société n’a été appelée volontairement par les classes supérieures au partage du pouvoir ; que jamais les vaincus n’ont obtenu, du libre consentement des vainqueurs, les moyens de s’égaler à eux. Je ne sache pas que cette révolution communale du