Page:Sand - Jean Ziska, 1867.djvu/343

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ainsi qu’un sanctuaire mystérieux et vénérable, l’avenir de M. de La Mennais, nous ne voyons rien d’assez absolu, rien d’assez formulé dans son christianisme, pour que les répugnances consciencieuses et les antipathies légitimes aient lieu de s’en effrayer : Nous ne sommes pas de ceux qui regrettent le passé catholique de l’auteur de l’Indifférence, nous ne sommes même pas de ceux qui acceptent son présent sans restriction ; mais nous respectons le passé parce que le présent en est sorti, et nous admirons le présent et pour lui-même et pour l’avenir qu’il nous présage. Ce passé est une voie droite et pure qui va s’élargissant et s’élevant toujours jusqu’à des hauteurs sublimes. Ce présent est une halte féconde sur un des sommets de la montagne. Tandis qu’il y sème le grain, déjà son œil d’aigle embrasse de nouveaux horizons. Où s’arrêtera-t-il ? disent ceux de ses adversaires qui voudraient le voir reculer. Qu’il marche encore, qu’il marche toujours ! disent ceux qui le comprennent ; car sa vie, comme celle des génies puissants, comme celle des générations avancées, c’est le mouvement et le progrès. Un jour viendra-t-il où l’immensité de l’horizon sera saisie par lui ? Ce que nous savons, c’est que, de quelque cime qu’il le cherche, il en mesurera la profondeur et l’étendue sans illusion et sans vertige ; et s’il faut, pour atteindre à la terre promise, descendre dans les abîmes, il ira le premier à la découverte sans se laisser étourdir par la vaine clameur du monde. Il se risquera sur ces pentes escarpées et sur ces sentiers inconnus. C’est qu’il s’agit d’une croisade plus glorieuse pour notre siècle et plus mémorable aux yeux des générations futures que celles qui enflammèrent le zèle des Pierre l’Ermite et des saint Bernard. Ce n’est plus le tombeau, c’est l’héritage du Christ que le prêtre breton veut reconquérir ; ce n’est plus l’islamisme qu’il faut combattre, ce sont toutes les