Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/109

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ombre. Faites que j’obtienne le cœur et la main de cette généreuse fille. Si elle m’aime, je serai encore à envier, car je l’aime, moi, entendez-vous ? ignorante ou docte, faible ou forte, ouvrière en dentelle ou en géométrie, elle est le type qui me plaît et me domine ; elle est la femme qui me fait rêver à toute heure, sans laquelle ma tête s’égare et mon âme me quitte. Plus d’objections, mon cher ami ! agissez… ou plutôt non, n’agissez pas ! donnez-lui le temps de voir combien je l’aime et à quel point elle peut compter sur moi. Laissez dire les envieux, laissez-moi conduire ma barque moi-même. Tenez, allez-vous-en ! j’ai peur que mon empressement ne lui paraisse brutal. Est-ce qu’elle peut penser à autre chose qu’à son père d’ici à huit ou dix jours ?

— Permettez, permettez ! reprit M. Louandre ; je ne tiens pas tant à conclure ce mariage qu’à mériter la confiance de M. Butler et celle de votre mère, qui tous deux m’ont chargé de ce qu’ils ont de plus cher au monde après leurs enfants, à savoir leur honneur, leur dignité respective. Je veux bien m’en aller, mais à la condition que vous vous en irez avec moi, car votre présence, trop fréquente et trop prolongée ici, compromet mademoiselle Butler et vous-même, vos parents et les siens par conséquent, et moi-même par-dessus le marché