Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/111

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M. Louandre fut frappé de cette confiance animée qu’il ne lui avait jamais vu manifester si ouvertement, et, prenant tout à coup confiance lui-même dans ma cause, jugeant comme moi que j’étais aimé, il plaida pour mon bonheur.

M. Louandre était un homme positif, d’un esprit ordinaire, mais d’une si grande honnêteté de cœur, que rien n’était blessant dans sa bouche. Il parla, cette fois surtout, avec une rare élévation, un remarquable bon sens, et je vis que Love l’écoutait avec une déférence presque respectueuse. Je l’aurais souhaitée plus attendrie par l’amour que convaincue par le raisonnement, mais elle écoutait sans interrompre, elle donnait des signes d’adhésion, et j’attendais une réponse favorable et décisive.

Elle se recueillit un moment avant de répondre ; enfin elle répondit :

— Je suis une enfant, et pourtant mon père a en moi une confiance entière. Il m’a remis le soin de choisir moi-même mon mari. D’abord cette idée-là m’a effrayée. À présent, j’en ai pris mon parti, surtout depuis que je connais M. de la Roche, et que je me suis assurée que son cœur est bon et que ses idées sont nobles. C’est donc lui que je choisis dès à présent, à l’exclusion de tout autre, puisqu’il aime mon père et que mon père l’aime aussi : mais je fais une