Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/123

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devais me méfier de lui et m’introduire à Bellevue sans qu’il me vît.

Il n’était que trois heures de l’après-midi. Je me trouvais à une lieue d’Allègre, où j’avais l’habitude de faire reposer mon cheval, quand je suivais cette route pour gagner la Chaise-Dieu. Je résolus de m’arrêter trois ou quatre heures là où j’étais pour attendre la nuit, et, prenant à droite un petit chemin de traverse, j’atteignis le hameau de Bouffaleure, où je mis mon cheval chez un paysan. De là, pour tuer le temps, je me rendis à pied au cratère de Bar, situé à peu de distance, et que je n’avais jamais eu la curiosité de gravir.

L’antique volcan s’élève isolé sur un vaste plateau très-nu et assez triste. Il est là comme une borne plantée à la limite de l’ancien Vélay et de l’ancienne Auvergne. Du sommet de ce cône tronqué, la vue est admirable et s’étend jusqu’aux Cévennes. Une vaste forêt de hêtres couronne la montagne et descend sur ses flancs, qui se déchirent vers la base. Le cratère est une vaste coupe de verdure parfaitement ronde et couverte d’un gazon tourbeux où croissent de pâles bouleaux clair-semés. Il y avait là jadis un lac qui, selon quelques antiquaires, était déjà tari au temps de l’occupation romaine, et qui, selon d’autres, a pu servir de théâtre à leurs naumachies. La tradition du pays est plus étrange. Les habitants du Forez se se-