Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/126

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et le sentier aboutit là-bas, à droite. Je le sais, je suis déjà venue ici deux fois. C’est pourquoi je vous emmène à l’opposé. Mon père m’a donné deux heures, pendant qu’il reste assis avec Hope sur le bord du ruisseau. J’ai gagné une demi-heure en montant tout droit ; je gagnerai un quart d’heure en descendant de même, et M. Black deviendra ce qu’il pourra.

En parlant ainsi, elle m’entraînait vers le fourré, où nous arrivâmes en peu d’instants. Le lac n’a guère qu’un demi-quart de lieue de diamètre. Aussitôt qu’on a franchi la couronne boisée du cratère, le terrain se précipite, et l’immense horizon se découvre à travers les arbres.

Love s’assit auprès de moi sur la mousse, au milieu des genêts en fleur. De là, nous apercevions, comme deux points noirs, M. Butler et son fils au bord du ruisseau. La voiture et les domestiques étaient à l’ombre un peu plus loin. Love, s’étant assurée que nous étions bien cachés, même dans le cas où Junius Black aurait l’esprit de venir de notre côté, me regarda enfin, et, voyant ma figure altérée, elle perdit la résolution qui l’avait soutenue jusque-là.

— Mon Dieu ! s’écria-t-elle, comme vous avez du chagrin ! Ah ! si vous m’aimez tant que cela, et si vous manquez de courage, que vais-je donc devenir, moi ?