Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/135

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droit, je reconnus que j’avais fait presque le tour de la montagne, et que la voiture de M. Butler s’était éloignée en me tournant le dos, emportant avec rapidité ceux qui tenaient ma vie dans leurs mains bienfaisantes ou cruelles.

Je retournai chez moi un peu moins accablé, n’ayant plus qu’une idée fixe, celle de recevoir une lettre de Love. La lettre arriva le lendemain. C’était comme mon arrêt de mort.

« Mon Dieu ! que nous sommes donc malheureux ! disait-elle. Hier, au moment où M. Black a passé près de nous dans le bois, vous vous êtes levé, et moi aussi. J’ai oublié une minute, une seconde peut-être, que d’en bas on pouvait nous voir. Hope nous a vus ; il vous a reconnu. Il est tombé sans connaissance, comme foudroyé, dans les bras de mon père, qui ne savait rien, qui n’a rien deviné : mais moi, en arrivant auprès d’eux, en faisant revenir le pauvret à lui-même, en le caressant, en le questionnant, j’ai arraché ce mot terrible, prononcé à mon oreille : « Tu m’as trompé ! » Nous l’avons conduit à Allègre, où il s’est reposé et calmé, et ensuite ici, où il a assez bien supporté un nouvel accès de fièvre, mais à quel prix ! Mon ami, j’ai juré que vous ne reviendriez plus ici, qu’il ne vous reverrait jamais, que je ne le quitte-