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j’écrivis de Marseille à M. Louandre pour le prier d’affermer ma terre à quelque prix que ce fût. Je croyais fermement ne vouloir plus remettre les pieds dans un pays où j’avais tant souffert.




XIII


Je voyageai pendant cinq ans, c’est-à-dire que je passai, suivant mes convenances ou mes sympathies, plusieurs mois ou plusieurs semaines dans chaque contrée que je voulais connaître. Je fis deux fois le tour du monde, et je peux dire que rien ne m’est tout à fait étranger sous le ciel.

J’errais plutôt que je ne voyageais, n’ayant pas tant pour but de m’instruire que de m’oublier ; mais je m’instruisais pourtant malgré moi, et, malgré moi aussi, je me souvenais de moi-même. Il faut croire que j’ai une certaine force d’individualité, car bien souvent, au moment où je me croyais transformé en un autre homme, en un serviteur passif et indifférent d’une résolution prise par l’homme d’autrefois, je me retrouvai tout à coup tel que je m’étais quitté, c’est-