core, le ruisseau faisait un saut gracieux et s’en allait dans le désert. Un sentier taillé dans la roche le suivait à travers les bois ; mais le parc s’arrêtait réellement à la cascade, comme il avait commencé à la cascade située un quart de lieue plus haut, et ces limites, tracées par la nature, en faisaient un paysage complet et enchanté que d’un coup d’œil on pouvait embrasser des fenêtres de la maison.
J’entrai dans ce paysage en enjambant le fossé et en écartant les branches de la haie. Je faisais là une chose qu’aucun des rares habitants de la montagne ne se fût permise, car il est à remarquer que nulle part la propriété n’est aussi scrupuleusement respectée que dans les localités ouvertes à tout venant. Dans la splendide Limagne, le terrain est trop précieux pour qu’on en perde un pouce ; il n’y a donc là ni haies ni barrières, et la richesse immaculée des récoltes annonce la scrupuleuse probité des propriétaires mitoyens.
Situé à la limite de cette admirable et fatigante Limagne, trop ouverte au soleil en été et trop écrasée de corniches de neige en hiver, Bellevue était une oasis, une tente de verdure et de fleurs entre les grands espaces cultivés et les âpres rochers de micaschiste qui forment une barrière entre la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme. Le revenu des terres ou plutôt des