Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/194

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dépouillait sa base. C’est ce qui fait dire avec raison aux paysans de ces localités que les grosses pierres poussent toujours. On ne sait pas ce qu’il faudrait de siècles encore pour mettre à découvert les racines incommensurables de ces étranges édifices, déjà si imposants et encore si intacts, des convulsions de l’ancien monde.

Je me souvenais d’avoir remarqué celui-ci et d’en avoir parlé autrefois à M. Butler. Qui sait si, pour la première fois, il ne venait pas l’examiner ? J’avais vanté à Love le site sauvage où il se trouve, la légère arche du pont rustique qui le touche, les flots impétueux et limpides du torrent qui le ronge, et sur les bords duquel se dressent d’autres dykes moins élevés, mais de la même forme et de la même apparence fragile, avec des cheminées volcaniques tordues en spirale, de gros bouillonnements noirs et luisants comme du fer liquéfié et figé dans la fournaise, des bouches béantes s’ouvrant de tous côtés dans le roc, et une couleur tantôt noire comme la houille, tantôt rouge semée de points blancs, comme une braise encore ardente où l’on croirait voir voltiger la cendre, si le toucher ne vous prouvait pas qu’elle est adhérente et vitrifiée.

L’idée que je devais trouver Love au pied de ce dyke s’empara tellement de moi, que je dévorai le