Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/212

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Il avait plu toute la veille, les chemins bas étaient inondés, et l’on avait demandé des chevaux ; mais, quand on eut gagné le pied de la montagne, on les renvoya : M. Butler aimait mieux marcher, et ses enfants voulaient faire comme lui. On avait pris trois guides : le beau-père de François, qui escortait M. Butler ; François, qui suivait Love, et moi, qui avais choisi Hope, n’osant encore me placer si près de sa sœur. Chacun de nous portait une sacoche destinée aux plantes et aux minéraux, un marteau pour les briser, une bêche de botaniste, des vivres pour la collation, plus les manteaux imperméables, les chaussures de rechange, et divers autres ustensiles ou vêtements de promenade.

Je n’avais pas eu besoin des leçons de François pour comprendre en quoi consistait le devoir d’un guide modèle. Marcher toujours devant, en regardant tous les trois pas si l’on doit ralentir ou accélérer son train, choisir le meilleur du terrain, écarter les pierres avec le bout du pied sans les faire rouler sur ceux qui vous suivent, se retourner et offrir la main dans les endroits difficiles, et, si le voyageur dédaigne votre aide, s’arc-bouter dans les passages dangereux, de manière à le recevoir ou à le retenir, s’il tombe ou chancelle : tout cela m’eût semblé fort doux et facile, s’il se fût agi de Love ; mais j’eus besoin de veiller