Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/51

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— Car c’est bien une démarche que j’ai faite dans une intention arrêtée, me disais-je encore. J’aurais beau vouloir me persuader que je me suis avisé à temps de ce qu’il y a de fâcheux à venir se présenter, ignorant et pauvre, à un père de famille riche et savant ; cela est, j’ai commis cette faute. Miss Love a le sourire très-malin. Elle s’en amuse peut-être déjà en elle-même, et me voilà condamné à jouer ici le rôle d’un prétendant ridicule éconduit d’avance. Je me justifierai en ne revenant que l’année prochaine… Mais ce sera long, et c’est tout de suite que j’aurais voulu la détromper !

En roulant ces petites amertumes dans ma pensée, pendant que mon cheval roulait comme un tonnerre son galop sonore sur le terrain caverneux de la colline, j’arrivai auprès des deux jeunes gens avec une figure si froide et si hautaine, que je dus paraître tout au plus poli en rendant compte de mon message. J’étais pourtant maître de moi, nullement essoufflé par la course, et satisfait de me montrer du moins aussi bon cavalier que qui que ce soit.

Je vis alors en plein la figure de la jeune Anglaise, car elle avait relevé ses dentelles noires pour me regarder venir, et elle relevait aussi sa petite tête ronde et fine, comme pour se rendre compte d’avance de ce que je venais me permettre de lui dire. Je