Page:Sand - Jean de la Roche (Calmann-Levy SD).djvu/55

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et, dans mon trouble, je m’imaginais le voir échanger des regards ironiques avec sa sœur.

Je commençais à peine à me remettre quand la porte s’ouvrit, et je vis entrer M. Louandre, le notaire de ma famille. Je ne songeai pas à me dire qu’il pouvait être aussi celui de la famille Butler, que la coïncidence de sa visite avec la mienne devait être un cas fortuit, qu’enfin il fallait me supposer un malotru provincial au suprême degré pour voir dans ce hasard une préméditation quelconque : je m’imaginai qu’il y avait préméditation réelle de la part du notaire. Sa figure rouge et joviale me fit l’effet de la tête de Méduse, et, au lieu de lui serrer la main comme de coutume, je le saluai si froidement, qu’il en recula de surprise.

Je ne me conduisais pas de manière à éloigner les soupçons ; heureusement pour moi, lui seul fut frappé de mon attitude. M. Butler lui fit bon accueil en l’appelant son cher ami, et miss Love fit mettre lestement son couvert, sans que personne lui demandât le but de sa visite.

J’espérai dès lors qu’il était attendu ce jour-là pour quelque affaire à laquelle j’étais complétement étranger, et je commençai à respirer un peu, d’autant plus que, dès l’apparition du dessert. M. Butler, s’adressant à M. Junius Black, lui dit :