indépendance au dedans comme au dehors. Ce n’est pas là ce que nous avons. Nous acceptons, nous tolérons une dictature que je ne veux pas juger encore, qui répugne cependant à la majorité des citoyens, par ce seul fait qu’elle est trop prolongée et que le succès ne la justifie pas. Que faire pourtant ? Paris assiégé ne doit pas changer son gouvernement, à moins que l’ennemi n’y consente, et je comprends qu’il en coûte de le lui demander tant qu’on espère se défendre… Mais quand on ne l’espèrera plus ?
On me crie qu’il ne faut pas supposer cela. Voici où l’exaltation me paraît funeste. Dans toute situation raisonnable, ne faut-il pas examiner le présent pour augurer de l’avenir ? Les optimistes de parti pris et les pessimistes par nature sont également condamnés à se tromper toujours. Les solutions de la vie sont toujours imprévues, toujours mêlées de bien et de mal, toujours moins riantes et moins irréparables qu’on ne les a envisagées ; quand on est sur la pente rapide d’un précipice, s’y jeter à corps