Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/172

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où la politique proprement dite a égaré les chefs de parti. On s’est persuadé qu’en affranchissant la volonté humaine sans retard et sans précaution, on avait le peuple pour soi. Ça été le contraire. Retirer ce que vous avez donné serait lâche et de mauvaise foi, et puis le moyen ?

— Essaye donc ! dit tout bas Jacques Bonhomme.

C’est que Jacques Bonhomme sait voter à présent, et ce n’est pas nous qui avons eu l’art de le lui apprendre. On l’a enrégimenté par le honteux et coupable engin des candidatures officielles, et puis peu à peu il s’est passé de lisières ; il ne marche peut-être pas du bon côté, mais il marche avec ensemble et comme il l’entend. Il votait d’abord avec son maître, à présent il se soucie fort peu de l’opinion de son maître. Il a la sienne, et fait ce qu’il veut. Ce sera un grand spectacle lorsque, sortant des voies trompeuses et ne se trompant plus sur la couleur des phares, il avancera vers le but qui est le sien comme le nôtre. Aucun peuple libre ne saura voter comme le