Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/205

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peut-être, hélas ! la république avec eux. En tout cas, elle n’admettra plus de gouvernement conquis à coups de fusil, pas plus de 2 décembre que de 31 octobre. C’est se faire trop d’illusions que de se croire maîtres d’une nation comme la nôtre parce qu’on a enfoncé par surprise les portes de l’Hôtel-de-Ville et insulté lâchement quelques hommes sans défense. Je ne connais pas les théories de la Commune moderne, je ne les vois exposées nulle part ; mais si elles doivent s’imposer par un coup de main, fussent-elles la panacée sociale, je les condamne au nom de tout ce qui est humain, patient, indulgent même mais jaloux de liberté et résolu à mourir plutôt que d’être converti de force à une doctrine, quelle qu’elle soit.

Le mépris des masses, voilà le malheur et le crime du moment. Je ne puis guère me faire une opinion nette sur ce qui se passe aujourd’hui dans ce monde fermé qui s’appelle Paris ; il nous paraît encore supérieur à la tourmente. Nous ignorons s’il est content de ses mandataires.