Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/220

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livrait ; tout au contraire il l’a exagéré jusqu’à lui donner un blanc-seing pour toutes les erreurs où il pourrait tomber. Cet aveuglement qui vous irrite aujourd’hui, c’est pourtant la preuve d’une docilité que la république sera heureuse de rencontrer quand elle sera dans le vrai.

Avons-nous d’ailleurs le droit de dire que les masses veulent toujours, obstinément et sans exception, le repos à tout prix ? La guerre d’Italie, cette généreuse aventure que nous payons si cher aujourd’hui, ne l’a-t-il pas consentie sans hésitation, n’a-t-il pas donné des flots de sang pour la délivrance de ce peuple qui ne peut nous en récompenser, et qui d’ailleurs ne s’en soucie pas ? Les masses qui, par confiance ou par engouement, font de pareils sacrifices, de si coûteuses imprudences, ne sont donc pas si abruties et si rebelles à l’enthousiasme. Ce reste d’attachement légendaire pour une dynastie dont le chef lui avait donné tant de fausse gloire et fait tant de mal réel n’est-il pas encore une preuve de la bonté et de la générosité du peuple ? Mau-