Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/236

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d’hui le mal est irréparable. — Pauvre France ! il faudrait pourtant ouvrir les yeux et sauver ce qui reste de toi !


Lundi 9.


Neige épaisse, blanche, cristallisée, admirable. Les arbres, les buissons, les moindres broussailles sont des bouquets de diamants : à un moment, tout est bleu. Chère nature, tu es belle en vain ! Je te regarde comme te regardent les oiseaux, qui sont tristes parce qu’ils ont froid. Moi, j’ai encore un bon feu qui m’attend dans ma chambre, mais j’ai froid dans le cœur pour ceux qui n’ont pas de feu, et, chose bizarre, mon corps ne se réchauffe pas. Je me brûle les mains en me demandant si je suis morte, et si l’on peut penser et souffrir étant mort.

Rouen se justifie et donne un démenti formel à ceux qui l’ont accusé de s’être vendu. J’en étais sûre !