Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

serait un malheur en ce moment où il faut que la lumière se fasse.

Si je dois encore une fois assister à la mort de la république, j’en ressentirai une profonde douleur. On ne voit pas sans effroi et sans accablement le progrès faire fausse route, l’avenir reculer, l’homme descendre, la vie morale s’éclipser ; mais, si cette amertume nous est réservée, ô mes amis, ne maudissons pas la France, ne la boudons pas, ne nous croyons pas autorisés à la mépriser ; elle passe par une si forte épreuve ! Ne disons jamais qu’elle est finie, qu’elle va devenir une Pologne ; est-ce que la Pologne n’est pas destinée à renaître ?

L’Allemagne aussi renaîtra ; riche et fière aujourd’hui, elle sera demain plus malade que nous de ces grandes maladies des nations, nécessaires à leur renouvellement. Il y a encore en Allemagne de grands cœurs et de grands esprits qui le savent et qui attendent, tout en gémissant sur nos désastres ; ceux-là engendreront par la pensée la révolution qui précipitera les oppres-