Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/52

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et fort qui est un être de raison, il faut la réunion de plusieurs hommes relativement forts et sages, travaillant, sous l’inspiration d’un principe commun, à se compléter les uns les autres, à s’enrichir mutuellement de la richesse intellectuelle et morale que chacun apporte au conseil.

Ce raisonnement, qui entre aujourd’hui dans toutes les têtes dégrossies par l’éducation, n’est pas encore sensible à l’ignorant ; il part de lui-même, de sa propre ignorance, pour décréter qu’il faut un plus savant que lui pour le conduire, et au-dessus de celui-là un plus savant encore pour conduire l’autre, et toujours ainsi, jusqu’à ce que le savoir se résume dans un fétiche qu’il ne connaîtra jamais, qu’il ne pourra jamais comprendre, mais qui est né pour posséder le savoir suprême. Celui qui juge ainsi est toujours l’homme du moyen âge, le fataliste qui se refuse aux leçons de l’expérience ; il ne peut profiter des enseignements de l’histoire, il ne sait rien de l’histoire. Pauvre innocent, il ne sait pas encore que les castes en se confondant ont cessé