Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/73

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tribué les choses imprimées, rapportent les on dit du bureau voisin. Ces on dit, passant de bouche en bouche, prennent des proportions fabuleuses. Un jour nous avons tué d’un seul coup trois cent mille Prussiens ; une autre fois le roi de Prusse est fait prisonnier ; mais la croyance la plus fantastique et la plus accréditée chez le paysan, c’est que son empereur a été trahi à Sedan par ses généraux, qui étaient tous républicains !


1er octobre 1870.


Je suis tout à fait malade, et mon bon Darchy arrive, en prétendant comme toujours qu’il vient par hasard. Mes enfants l’ont averti, et, pour ne pas les contrarier, je feins d’être dupe. Au reste, sitôt que le médecin arrive, la peur des médicaments fait que je me porte bien. Il sait que je les crains et qu’ils me sont nuisibles. Il me parle régime, et je suis d’accord avec lui sur les soins très-simples et très-rationnels qu’on peut prendre