Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/84

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électorale, c’est pour le mettre en rapport avec les hommes du pays que Sigismond a préparé la grande salle aux gardes. Boussac y entasse ses mille cinquante habitants ; les gens de la campagne affluent sur la place du château, qui domine le ravin ; les enfants grimpent sur les balustrades vertigineuses. Tous les maires des environs sont plus ou moins assis à l’intérieur. Les pompiers sont sous les armes, la garde nationale, organisée tant bien que mal, maintient l’ordre, et Nadaud parle d’une voix douce qui se fait bien entendre. Il est timide au début, il se méfie de lui-même ; il m’avait fait promettre de ne pas l’écouter, de ne pas le voir parler. J’ai tenu parole. Il est venu ensuite causer avec moi dans ma chambre. C’est dans l’intimité qu’on se connaît, et je crois maintenant que je le connais bien. Il est digne de représenter les bonnes aspirations du peuple et du tiers. Nous nous sommes résumés ainsi : n’ayons pas d’illusions qui passent, ayons la foi qui demeure.

À trois heures, on l’a convoqué à une nouvelle