Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/88

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croupes de rochers ou de petits jardins en pente rapide, des arbres de temps en temps faisant berceau sur l’abîme. Ces gentils travaux sont, je crois, l’ouvrage des gendarmes, qui vivent dans une partie réservée du château et se livrent au jardinage et à l’élevage des lapins. Ce sont peut-être les mêmes gendarmes qui ont autrefois arrêté Maurice. Quoi qu’il en soit, nous vivons aujourd’hui en bons voisins, et ils nous permettent d’admirer leurs légumes. Mes petites-filles grimpent très-bien et sans frayeur cette échelle au flanc du précipice. Moi je m’en tire encore bien, mais je suis éprouvée par cet air trop vif. On ne place pas impunément son nid, sans transition, à trois cents mètres plus haut que d’habitude.

Nous avons fait une trouvaille au fond du ravin. Sous un massif d’arbres, il y a à nos pieds une maisonnette rouge que nous ne voyions pas ; c’est un petit établissement de bains, très-rustique, mais très-propre. Outre l’eau de la Creuse, qui n’est pas tentante en ce moment, la bonne femme qui dirige toute seule son exploitation