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Page:Sand - Journal intime.pdf/137

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de l'âge, si auparavant Dieu ne prend pitié de votre faiblesse ? S'il ne vous envoie pas la sagesse et la volonté stoïque pour vous affranchir de vos vaines attaches, quelle sera votre vie à l'heure où les ardeurs du sang s'éteindront aussi bien que celles de la pensée ? À cette heure froide et inexorable qui sonnera les funérailles de vos sens, quel refuge trouverez-vous dans les profondeurs dévastées de votre âme ? Hélas ! vous sera-t-il utile d'avoir tant souffert ? Tant de peines ne seront-elles pas perdues ?

5 avril 1833.

Ô mon Dieu, je te remercie ! J'ai vaincu ! J'ai bien souffert, ô Christ ! homme sublime, vers qui montera éternellement la plainte des hommes infortunés ! Ô toi, qui est mon frère, quoique tu sois grand et que je sois petit, Jésus ! j'ai compris ton âme et j'ai été sauvé par toi, au milieu de ce siècle, le plus athée qui fut jamais. Oui, oui, il m'a été utile d'avoir tant souffert ! non, tant de peines, que j'ai subies, ne sont pas perdues.

1er mai 1847.