Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/35

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impuissant et pauvre, durant l’essor immense de ma volonté. Alors il eût fallu mourir. Mais l’égoïste ne voulut jamais consentir à m’étouffer en me pressant contre sa poitrine ; c’était pourtant là tout mon espoir de volupté. J’espérais connaître enfin les langueurs et les délices de l’amour en m’endormant dans les bras de la mort.

» Quand il s’était assoupi, satisfait et repu, je restais immobile et consternée à ses côtés. J’ai passé ainsi bien des heures à le regarder dormir. Il me semblait si beau, cet homme ! Il y avait tant de force et de grandeur sur son front paisible ! Mon cœur palpitait violemment près de lui ; les flots ardens de mon sang agité me montaient au visage ; puis d’insupportables frémissemens passaient dans mes membres. Il me semblait ressentir le trouble de l’amour physique et les désordres croissans d’un désir matériel. J’étais violemment tentée de l’éveiller, de l’enlacer dans mes bras, et d’appeler ses