Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/37

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nageais alors dans les flots d’une indicible volupté ; et, passant mes bras indolens à son cou, je tombais sur son sein en murmurant de vagues paroles. Mais il s’éveillait, et c’en était fait de mon bonheur. À la place de cet être aérien, de cet ange qui m’avait bercée dans le vent de ses ailes, je retrouvais l’homme, l’homme brutal et vorace comme une bête fauve, et je m’enfuyais avec horreur. Mais il me poursuivait, il prétendait n’avoir pas été vainement troublé dans son sommeil, et il savourait son farouche plaisir sur le sein d’une femme évanouie et demi-morte.

» Un jour je me sentis si lasse d’aimer, que je cessai tout-à-coup. Il n’y eut pas d’autre drame dans ma passion. Quand je vis avec quelle facilité se rompait ce lien funeste, je m’étonnai d’avoir cru si long-temps à son éternelle durée.

» Je voulus me livrer sans réserve à l’incurie de cet état d’épuisement qui n’était pas