Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/377

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brises du ciel ? Est-ce que nous avons vécu et souffert depuis cette heure où tu me demandais de t’expliquer l’amour, le bonheur, la gloire et la sagesse ? Enfant, qui croyais à toutes ces choses et qui cherchais en moi ces trésors imaginaires, est-il vrai que tant de larmes, tant d’épouvantes, tant de déceptions, nous séparent de cette pastorale mélodieuse ? Est-ce que tes pas, qui n’avaient courbé que des fleurs, ont marché depuis dans la fange et sur le gravier ? Est-ce que ta voix, qui chantait de si suaves harmonies, s’est enrouée à crier dans l’ivresse ? Est-ce que ta poitrine, épanouie et dilatée dans l’air pur des montagnes, s’est desséchée et brûlée au feu de l’orgie ? Est-ce que ta lèvre, que les anges venaient baiser dans ton sommeil, s’est souillée à des lèvres infâmes ? Est-ce que tu as tant souffert, tant rougi et tant lutté, ô Sténio, ô le bien-aimé fils du ciel ?

Mais tu es beau encore, et calme comme au temps où tu appuyais ton front sur mes