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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/376

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presser dans mes bras sans éveiller en toi les sens d’un homme.

D’autres fois j’ai surpris le secret de tes promenades solitaires. Tantôt, penché sur le bassin limpide d’une source, ou appuyé sur la mousse séculaire des rochers, tu regardais le ciel dans les eaux. Le plus souvent tes yeux étaient à demi-fermés, et tu semblais mort à toutes les impressions extérieures. Comme maintenant, tu semblais te recueillir et regarder, en toi-même, Dieu et les anges réfléchis dans le mystérieux miroir de ton ame. Te voilà, comme tu étais alors, frêle adolescent, encore sans vigueur et sans désirs, étranger aux ivresses et aux souffrances de la vie physique. Fiancé de quelque vierge aux ailes d’or, tu n’avais pas encore jeté ton anneau dans les flots orageux de nos passions. Est-ce que tant de jours, tant de maux, ont été subis depuis cette matinée sereine où je t’ai rencontré comme un jeune oiseau ouvrant ses ailes tremblantes aux premières