Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ces ruines, afin de m’y glacer entièrement, et de retourner au monde dans un état d’invulnérabilité complète.

» Je résolus de commencer par le stoïcisme du corps, afin d’arriver plus sûrement à celui de l’esprit. J’avais vécu dans le luxe, je voulus me rendre absolument insensible par l’habitude aux rigueurs matérielles d’une vie de cénobite. Je renvoyai tout serviteur inutile, et ne voulus recevoir ma nourriture et les objets absolument nécessaires à mon existence que des mains d’une personne invisible qui se glissait chaque matin par les galeries abandonnées du cloître jusqu’à un guichet pratiqué à l’extérieur de mon habitation, et se retirait sans avoir eu la moindre communication directe avec moi.

» Réduite à la plus frugale consommation, forcée de travailler moi-même à la salubrité de ma demeure et à la conservation de ma vie, entourée d’objets extérieurs d’une grande sévérité, je voulus encore m’imposer une