Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/104

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sensations tristes et douces. Je vis languissamment et sans efforts, comme le convalescent à la suite d’une maladie violente. N’avez-vous pas éprouvé ce délicieux engourdissement de l’ame et du corps après ces jours de délire et de cauchemar, ces jours à la fois longs et rapides, où dévoré de rêves, fatigué de sensations incohérentes et brusques, on ne s’aperçoit point du temps qui marche et des nuits qui succèdent aux jours ? Alors, si vous êtes sorti de ce drame fantastique où nous jette la fièvre, pour rentrer dans la vie calme et paresseuse, dans l’idylle et les douces promenades, sous le soleil tiède, parmi les plantes que vous avez laissées en germe et que vous retrouvez en fleurs, si vous avez lentement marché, faible encore, le long du ruisseau nonchalant et paisible comme vous, si vous avez écouté vaguement tous ces bruits de la nature long-temps perdus et presque oubliés sur un lit de douleur, si vous avez souri au chant d’un