Aller au contenu

Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la bonté de votre cœur. Lélia, dites-moi donc ce que vous voulez faire de cette ame de poëte qui s’est donnée à vous et que vous avez accueillie, imprudemment peut-être ! Vous ne pouvez plus maintenant la repousser sans qu’elle se brise, et prenez garde, Lélia, Dieu vous en demandera compte un jour, car cette ame vient de lui et doit y retourner. Si le regard de Dieu s’abaisse assez près de nous pour apprécier quelque différence entre les créatures de ses mains, sans doute le jeune Sténio doit être un des enfans de sa prédilection. N’a-t-il pas mis en lui un reflet de la beauté des anges ? Quoi de plus pur et de plus suave que cet enfant ? Sa paupière moelleuse, qui s’abaisse à chaque instant pour voiler un modeste regard, ne semble-t-elle pas appeler les chastes baisers de ces vierges ailées que nous voyons dans nos rêves ? Je n’ai point vu de physionomie d’un calme plus angélique, ni de bleu dans le plus beau ciel qui fût plus limpide et plus céleste