Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/168

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l’homme qui a souffert, de l’homme qui a vécu. Entends le vœu d’une ame encore ignorante des maux de la vie. Tous deux te demandent de leur conserver leur bien, leur poésie, leur espoir, Lélia ! Si tu veux déjà la placer dans ta gloire et l’envelopper de tes éternelles félicités, reprends-la, mon Dieu, elle t’appartient ; ce que tu lui destines vaut mieux que ce que tu lui ôtes. Mais, en sauvant Lélia, ne nous brise pas, ne nous perds pas, ô mon Dieu ! Permets-nous de la suivre et de nous agenouiller sur les marches du trône où elle doit s’asseoir… »

— C’est fort beau, dit Lélia, en l’interrompant, mais ce sont des vers et rien de plus. Laissez cette harpe dormir en paix, ou mettez-la sur la fenêtre, le vent en jouera mieux que vous. Maintenant approchez. Va-t’en, Trenmor, ton calme m’attriste et me décourage. Viens, Sténio, parle-moi de toi et de moi ; Dieu est trop loin, je crains qu’il ne nous entende