Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/182

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fant, peut-être ne retrouverai-je plus Lélia parmi les hommes.

Et il se reprochait avec effroi d’avoir pu la quitter pendant plusieurs heures, quoiqu’il l’eût entraînée partout avec lui dans ses courses, quoiqu’il eût rempli d’elle les monts et les nuages, quoiqu’il eût peuplé de son souvenir et embelli de ses apparitions les cimes les plus inaccessibles au pied de l’homme, les espaces les plus insaisissables à son espérance.

Ce jour-là il s’arrêta à l’entrée de la clairière profonde, et s’apprêta à retourner sur ses pas, car il vit devant lui un homme : et le plus beau site perd son charme quand celui qui vient y rêver ne s’y trouve plus seul.

Mais l’homme était beau et sévère comme le site. Son regard brillait comme le soleil levant, et les premiers feux du jour, qui coloraient le glacier, embrasaient aussi d’un reflet splendide le visage imposant du prêtre. C’était Magnus. Il semblait livré à de vives