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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/184

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Ah ! maintenant respirons ! Dieu a purgé la terre, il a replongé Satan dans son chaos. Nous pouvons prier, nous pouvons espérer. Voyez comme le soleil se lève joyeux, comme les roses de la vallée s’ouvrent fraîches et vermeilles ! Voyez comme les oiseaux secouent leurs ailes humides et reprennent leur essor avec souplesse ! Tout renaît, tout espère, tout va vivre : Lélia est morte !

— Malheureux ! s’écria Sténio en prenant le prêtre à la gorge, quels mots diaboliques avez-vous sur les lèvres ? Quelle pensée de délire et de mort vous agite ? D’où venez-vous ? avez-vous passé la nuit ? D’où savez-vous ce que vous osez dire ? Depuis quand avez-vous quitté Lélia ?

— J’ai quitté Lélia par une matinée grise et froide. Le jour allait paraître. Le coq chantait d’une voix aigre. Sa voix s’élevait dans le silence, et frappait les toits habités des hommes comme une malédiction prophétique. La bise pleurait sous les porches dé-