Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/192

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reur. Lélia ne vous a jamais poursuivi, jamais aimé !…

— Eh ! je le sais, dit tranquillement le prêtre. Vous ne me comprenez pas : écoutez, asseyez-vous avec moi sur le tronc de ce mélèze qui sert de pont au-dessus-de l’abîme. Là, plus près de moi, votre main dans la mienne, ne craignez rien. L’arbre ploie, le torrent gronde, le gouffre écume là-bas, dans cette noire profondeur, juste au-dessous de nous : cela est beau ! c’est l’image de la vie.

En parlant ainsi, l’insensé entourait Sténio de ses bras crispés par la fièvre. Il était plus grand que lui de toute la tête, et le délire augmentait horriblement sa force musculaire. Son regard morne plongeait dans le gouffre et en mesurait la profondeur, tandis que ses mains distraites et convulsives semblaient toutes prêtes à y précipiter le jeune homme. Malgré le péril de cette situation, Sténio était si avide de ce qu’il allait